posté le 23 janvier 2007 par françoise
RENCONTRES FEMININES DE VILLEURBANNE
(20 – 21 Janvier 2007)
« Je n’ai jamais réussi à définir le féminisme. Tout ce que je sais c’est que les gens me traitent de féministe chaque fois que mon comportement ne permet plus de me confondre avec un paillasson » Rébecca West, romancière et journaliste (1892-1953).
Extraits d'ALTERNATIVES FEMINISTES
« Les aspirations des féministes sont à l’œuvre dans nos sociétés, mais dans la conjoncture actuelle, que de tentations de repli elles rencontrent ! Que d'attaques idéologiques sournoises, que de retours de bâton !
Nos gouvernants veulent nous faire croire que nous avons aujourd'hui la liberté de " choisir ", pour la moindre chose, et jusqu'à son propre destin, mais quelle réalité recouvre cette soi-disant liberté : le libéralisme, allié au patriarcat, n'est-ce pas la liberté du plus fort ?
Faut-il croire ceux qui claironnent : le patriarcat, c'est fini, les femmes ont tout gagné ! Trop gagné ? Faut-il croire ceux qui crient : le féminisme est mort, vive le nouveau féminisme ! Ou, plus subtilement : il n'y a pas " un ", mais " des " féminismes ?
Il est temps de s'interroger ensemble sur ces grandes proclamations sur quoi sont-elles fondées, ne serait-ce pas des leurres ? Ne visent-elles pas à semer le trouble, à diviser ? Comment contrer ces offensives, comment " transmettre " aux jeunes générations, à la société toute entière, ce dont est porteur le féminisme ?
Il est grand temps aussi de s'insurger contre la politique de régression sociale : attaques contre l'emploi, la précarité grandissante, qui frappent tout particulièrement les femmes du fait de la division des rôles. Le féminisme, c'est la volonté de changer l'état des choses, l'état du monde. »
Extraits des interventions
Françoise Collin, philosophe, écrivaine, rédactrice des cahiers du Grif, définit le féminisme à travers son histoire.
C’est un mouvement révolutionnaire qui n’appartient à personne. Ce qui fait son acuité c’est sa pluralité qui s’enracine dans le dialogue et les convictions. Lorsque le féminisme entreprend d’établir sa "philosophie politique", il doit forcément critiquer le modèle politique actuel qui se prétend universel.
Marqué par son urgence émancipatrice, le féminisme est forcé de reconnaître la pertinence de ses divers courants de pensées internes : il contraint les femmes au politique. Ce faisant, il les achemine vers ce « point de liberté inhumain » évoqué par Simone de Beauvoir, à partir duquel seul la création, privilège d’abord masculin, est possible... Le féminisme est la capacité de rester ensemble pour déterminer ce qui est prioritaire.
Christine Detrez Maître de conférences à l'Ecole normale supérieure Lettres et Sciences Humaines de Lyon auteur de "La construction sociale du corps", et "Et pourtant ils lisent !"
Elle travaille sur les représentations des constructions sociales du masculin et du féminin dans les albums, la littérature de jeunesse, la presse magazine et les manuels scolaires.
Elle a montré l’orientation sexiste, voir même discriminatoire de ces albums où tout ce qui est solide dans le corps humain comme les os, les muscles, tout ce qui mène à la réflexion, au cerveau est représenté par un petit garçon. Tout ce qui est mou, réflexe nerveux est représenté par une petite fille. Pas un manuel, pas un album n’échappent à cette discrimination diffuse.
Françoise Guillemaut Sociologue, diplômée de santé publique et communautaire : sexisme et racisme.
Les recherches récentes sur la sexualité, initiées à cause de l’épidémie à VIH confirment à quel point la sexualité est une construction sociale, qui engage à la fois les rapports sociaux de sexe. L’accession à l’autonomie se joue justement dans la vie privée et sexuelle (notamment dans les rapports hommes-femmes), mais aussi dans les conditions économiques et sociales de la vie des personnes. les gays ou les hétérosexuels mais peu d’entre elles portent sur les conditions d’exercice de la prostitution, et encore moins sur les femmes migrantes dans la prostitution. Elle a souligné la mobilité des personnes et notamment la migration économique des femmes, qui est aujourd'hui plus fréquente que celle des hommes.
Sandrine Durand Sociologue, chargée de projets au MFPF 69
Depuis le début des années 80, la situation française se caractérise par une baisse de la natalité chez les mineures et chez les jeunes adultes et par une stabilité du recours à l’IVG chez les mineures et une légère baisse chez les 18–24 ans. Au total, la baisse de la natalité ne s’est pas accompagnée d’une hausse du recours à l’IVG pour les jeunes femmes. Ces données traduisent une évolution favorable des comportements contraceptifs.
Cette évolution s’inscrit dans un contexte de baisse de l’âge au premier rapport sexuel pour les femmes, les jeunes filles débutant aujourd’hui leur vie sexuelle approximativement au même âge que les garçons. Pour autant, le vécu de cette première expérience reste très différent selon le sexe.
Cette entrée dans la sexualité reste plus précoce pour les jeunes issus de milieux populaires et la précocité préfigure des styles de vie sexuelle qui ont un impact sur les comportements à risques liés à la sexualité. Les grossesses, quelle qu’en soit l’issue, IVG ou naissance, sont plus fréquentes chez les jeunes issues de milieux sociaux défavorisés.
Note : Dans les nombreux ateliers de ces deux journée de travail, les participant(e)s avaient comme objectif de donner des réponses aux questions posées. Il est prévu de publier une synthèse de ces travaux.
De nombreuses associations étaient à l’initiative des rencontres féminines : Clibra (santé des prostituées), Efigies (étudiantes), Femmes Solidaires, Les Lyonnes, Ni Putes Ni Soumises, Regards de Femmes, Centre Louise Labé, Planning Familial...